La guerre des virus, en France

Il existe 3 types de traitements reconnus pour guérir de l’infection d’un virus. Les vaccins, les traitements anti-viraux et les transplantations de plasma. Une guerre larvée existe depuis des années en France entre les tenants de l’un ou l’autre des deux principaux traitement, les vaccins et les traitements anti-viraux, et cette crise du covid-19, la met en évidence, ainsi que les enjeux collossaux énormes qui l’accompagne.

Les vaccins ont été en France, depuis le génial Pasteur et son vaccin contre la rage, le seul moyen de luttre contre les infections virales. Les grandes pandémies qui avaient cours depuis des siècles ont pu être annihilées grâce à eux, en France et dans le monde. Mais sont apparus des virus récents beaucoup plus complexes, HIV, Ebola, Sars-cov1, Mers-cov, H5N1, H5N2, et maintenant Sars-cov2, pour lesquels aucun vaccin n’a pu être mis en point, malgré les budgets publics et privés collossaux mis en jeux. Comme il fallait soigner les malades on a donc cherché à les guérir autrement, de façon pragmatique, en proposant des traitements visant à empêcher les virus de proliférer dans le corps après une infection : les traitements anti-viraux. Ces traitements, qui agissent de façon très diversifiée, ont eu un certain succès, notamment la trithérapie contre le VIH, qui est efficace, non pas pour guérir du Sida, mais pour le bloquer. Car rappellons que le Vih tue toujours beaucoup de personnes, et notamment dans les communautés homosexuelles et qu’il est indispensable de se faire dépister régulièrement si on est à risques. Donc en conséquence, les vaccins sont en perte de vitesse dans le cadre de la lutte contre ces virus de dernière génération au détriment de traitements anti-viraux, et c’est tout un système économique et de recherche, axé majoritairement sur les vaccins, notamment en France, qui vacille et qui joue, avec cette crise, et durant les prochains mois, son va-tout.

Expliquons les différences entre ces deux types de traitements. Tout d’abord qu’est-ce qu’un virus ? C’est une boule composée de diverses proteines, protégeant un noyau qui contient son code génétique, de l’Adn ou de l’Arn. Un virus n’a qu’un seul but dans la vie : parvenir à s’arrimer, sur une cellule humaine, y pénétrer, grâce à ses protéines, afin de se nourrir et se « reproduire » à l’intérieur de celle-ci. Car un virus ne sait pas faire de lui-même ces deux choses, et pour se reproduire il est obligé d’emprunter la machine à reproduction des cellules humaines, la réplication de l’Adn cellulaire, soit en détournant ce processus de son but initial en y insérant son Adn ou son Arn, soit en insérant carrément son propre Arn dans l’Adn cellulaire, afin de pouvoir se reproduire et proliférer. Evidemment l’immunité du corps va chercher à empêcher ce processus, et va développer par l’entremise de ses anges gardiens, les lymphocytes, à la fois des anticorps qui vont lutter contre ces virus (les antigènes) et les détruire soit directement soit en perturbant leur processus de reproduction, tout en mémorisant, dans la mémoire immunitaire, le rejet de ces virus. En fait le corps met simplement à jour une liste de « mauvais intrus » qu’elle sait pouvoir chasser par un type d’anticorps particuliers. C’est l’immunité adaptative.

Donc que cherche à faire un vaccin ? Il cherche à empêcher le virus de se fixer sur les cellules humaines. Ainsi, ne pouvant ni se nourrir, ni se reprodurie, celui-ci va mourir. Donc il faut absolument que tout le monde soit à jour dans son calendrier vaccinal pour rappel. Comment ça marche ? On utilise pour ça cette immunité adaptative, qui sait donc, en présence d’un nouveau corps étranger (un antigène) apprendre à créer ce qui va le tuer (un anticorps dédié à cet antigène), et qui va garder en mémoire dans le temps, le fait qu’elle doit rejeter tel antigène avec tel anti-corps. Un vaccin c’est une injection, avant toute infection, du virus mais sous une forme « retravaillée » et dans laquelle il n’y a plus les éléments pathogènes du virus. Le corps va alors, sans dommage, apprendre à créer les anticorps permettant d’éliminer ce faux virus qui ressemble énormément au vrai virus. Et ce que réussit ainsi à faire un vaccin c’est d’apprendre à l’immunité la création d’anticorps qui vont empêcher la fixation des virus sur les cellules. Ne pouvant créer des vaccins qui empêchent la fixation des virus sur les parois cellulaires, on cherche à créer des vaccins qui empêchent la reproduction de leur Arn, après infection cellulaire. Ce nouvel axe de recherche met en jeu la manipulation des proteines créées par les virus et donc est devenu un jeu de découpage / remontage des séquences Adn ou Arn des virus, qui permettent la création de ces proteines. C’est devenu assez effrayant, et cette façon de faire à la Docteur Mabuse est particulièrement inquiétante.

Le traitement anti-viral part d’une philosophie opposée, et cherche, après l’infection par le virus des cellules corporelles, à bloquer sa prolifèration. Pour cela ces traitements cherchent souvent à perturber la protection mise en place par les virus lors de leur reproduction intra-cellulaire, afin de limiter leur multiplication. Ou bien, ils peuvent aider les lymphocytes à reconnaître ces nouveaux corps étrangers en leur présentant des parties spécifiques des virus afin de faciliter l’apprentissage de l’immunité corporelle, qui va chercher soit à tuer directement les virus, soit à empêcher leur reproduction lors d’une infection future. Dans le cas du covid-19, plusieurs types de lymphocytes entrent en jeu dans la protection du corps, et plusieurs type d’anticorps sont créés.

Le corps contient encore les anticorps durant quelques semaines après un traitement anti-viral qui a efficacement aidé l’immunité, ou après une lutte contre le virus où seule l’immunité est entrée en jeu, et il a gardé dans sa mémoire immunitaire quels anticorps doivent être créés pour lutter contre le virus. Evidemment, la création de ces traitements anti-viraux nécessite, dans le cas des traitements modifiant leur protection, de bien connaître les très complexes processus de protection que mettent en jeu les virus lors de leur reproduction. Sur ce sujet, les connaissances avancent vite, mais ces sujets sont très vastes et il y a beaucoup à découvrir encore. Des laboratoires privés, notamment allemands et américains, ont mis au point certains traitement anti-viraux et sortent actuellement du champ vaccinal pour s’orienter plutôt vers ces nouvelles recherches anti-virales, impliquant de leur part un intense lobbying pour accélérer la prise en compte de ceux-ci.

Le troisième type de traitement, qui semble efficace dans le cadre du Vih et aussi apparemment pour traiter certaines souches du covid-19, est la transplantation de plasma de patients guéris. Le plasma de ces patients guéris contient les anticorps qui permettent d’éliminer efficacement le virus, et le transplanter dans le corps de patients qui n’arrivent pas à se soigner et ne réussissant donc pas à créer efficacement les bons anticorps, permet à ces derniers d’avoir ces moyens de lutte dans leur sang très rapidement à disposition.

Dans le cas du covid, il existe deux traitements anti-viraux qui présentent une relative efficacité mais qui reste à démontrer : 1- l’azythromycine et plus globalement les antibiotiques, 2- la transplantation de plasma. Le premier semble très efficace pour les praticiens qui traitent des patients Covid, simple, et très peu cher, mais par contre il doit être administré assez tôt pendant l’infection virale. Le second est très efficace selon les praticiens qui l’ont utilisé, mais il présente l’inconvénient de necessiter un matériel dont ne dispose pas tout le monde, mais son efficacité est probablementnon feinte puisqu’il s’agit d’une injection directe d’anticorps efficients. Ce qui prouve que les anticorps générés par l’immunité soignent bien les malades.

Donc la recherche de vaccins nécessite le secret absolu alors qu’à contrario la recherche anti-virale nécessite plutôt de partager les connaissances sur les processus de fonctionnement des réplications des Adn ou Arn viraux, et ainsi de publier beaucoup d’études. En France, il existe de grandes entités essentiellement publiques mais ayant aussi des fonds privés, l’Inserm, le CNRS, l’Institut Pasteur, qui isolent régulièrement des virus et fabriquent des vaccins. Contre la grippe par exemple. Il existe aussi un centre public de recherche fondamentale en infectiologie, et qui a axé sa politique sur la recherche de traitement anti-viraux et qui l’a basée depuis quelques années sur les tests et la réutilisation de traitements anciens, à Marseille.

Les pro-vaccins et les pro-anti-viraux constituent deux chapelles relativement distinctes et de par l’efficacité et l’ancienneté des vaccins dans la luttre contre les virus, la plupart des responsables de Santé Publique en France sont issus de la filière vaccinale. Cette antinomie n’existait pas il y a 25 ans parce que les vaccins étaient le seul moyen de soigner les virus, mais les lignes bougent un peu depuis et cette crise du Covid, propose une accélération de l’évolution des partages d’influence et de pouvoir sur ce sujet : la façon d’agir des vaccins va probablement évoluer vers des vaccins ne pouvant plus bloquer les infections notamment du covid-19, mais agissant plutôt contre eux via l’immunité après infection en bloquant leur entrée ou leur réplication dans les cellules.

Une telle lutte, qui normalement est stimulatrice, n’aurait jamais dû avoir lieu au grand jour, parce que la bonne façon de gérer la Santé ce n’est pas en utilisant telle façon de faire OU telle autre, mais plutôt telle façon de faire ET telle autre.

En effet, pour lutter contre le covid-19, la seule solution qui apparaît viable, d’une grande complexité technique, demande à la fois humilité, concertation, collaboration et necéssite de combiner au plus juste plusieurs types de traitements, au début de l’infection, au plus fort de celle-ci ou après lors des réanimations où l’immunité s’emballe jusqu’à tuer. Il n’y a pas pour l’instant de traitements meilleurs que d’autres ou plus efficaces mais une combinaisons de plusieurs d’entre eux qui dans certaines situations vont porter plus d’aide aux patients touchés.

Ce qui est dommage c’est que les échecs répétés des vaccins depuis 30 ans dans la lutte contre ces virus, à contrario de quelques succès de certaines traitements anti-viraux, ont poussé les tenants des premiers à minimiser ces quelques résultats positifs d’anti-viraux contre certains coronavirus, et les tenants des seconds à faire feu de tout bois sur le plan médiatique sans de réels résultats probants dans les luttes contre les coronavirus, afin d’acquérir une position leur permettant d’avoir des budgets publics plus importants. Cette cacophonie a également été provoquée par deux facteurs néfastes qu’il faudra traiter absolument à l’avenir : le manque d’humilité de la quasi totalité des praticiens et des chercheurs, qu’ils soient d’un camp ou de l’autre, et en cela il s’agit d’un problème très général à la Santé notamment en France où les comportements despotiques de médecins, chirurgiens et chercheurs tuent l’hôpital à petits feux et contrarient voire bloquent le travail de celles et ceux qui soignent réellement les gens au jour le jour, les infirmières et les aides soignantes.

Ensuite, la trop grande facilité d’accès aux médias d’un grand nombre de médecins et chercheurs hospitaliers, contribuant à accentuer encore plus fortement le premier gros problème ainsi que la création d’experts auto-proclamés qui n’ont que très peu d’idées pertinentes sur la façon de résoudre ces problèmes très complexes de Santé.

Mais à l’aune de tout ça, j’estime qu’une bonne partie de tout ceci ne serait pas arrivé si en France on avait une meilleure connaissance des aspects biologiques et biochimiques de cette crise permettant à chacun de démasquer les charlatans aux égos surdimensionnés, ainsi que les annonceurs de fausses bonnes nouvelles (que ce soit concernant les traitements anti-viraux ou les vaccins), ce qui aurait pu être le cas si les heures d’études en SVT et en Biologie ne diminuaient pas à chaque réforme scolaire (le but n’étant pas de les prendre à d’autres matières) pour nos chères têtes blondes. Ceux avaient tiré la sonnette d’alarme avaient compris que le but de ces matières était qu’au final les français comprennent mieux le Vivant, essentiel à tout le monde, ce qui permettrait également, ce qui n’est pas un luxe, d’éviter de nous vendre, durant les crises éventuelles, ou même en temps normal, autant de bétises médiatiques sur ces sujets importants pour tout le monde et où malheureusement ce n’est pas celui qui parle le plus fort qui a raison.

4 réflexions sur “La guerre des virus, en France

  1. Je passais par là et tenais à te remercier et féliciter pour cet article de vulgarisation qui permet de déchiffrer certaines choses pas toujours évidentes a trouver sous cette forme.

    Salut !

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